Télécharger le PDFLe groupe a perdu le marché
des tramways à Moscou.
Il compte sur les projets pour moderniser le réseau national.
Le prototype présenté par Alstom. - Photo Vladimir Pesnya/RIA
Novosti /AFP
Le prototype présenté par Alstom. - Photo
Vladimir Pesnya/RIA Novosti /AFPDoublé au finish par son concurrent
Bombardier, le tramway d'Alstom ne roulera pas à Moscou. « Une
mauvaise nouvelle », reconnaît-on au siège de la filiale russe du
groupe. Au terme d'un appel d'offres aux multiples rebondissements,
organisé pour les 120 nouveaux tramways de la capitale, la mairie a
fini par choisir Bombardier. Pour l'occasion, le canadien s'est
associé à Uralvagonzavod, un poids lourd de l'industrie publique
russe, plus connu pour ses chars d'assaut que pour ses voitures de
passagers. « En coulisses, il y a eu beaucoup de lobbying.
Entreprise d'Etat, Uralvagonzavod disposait de leviers politiques
sur le gouvernement, qui a pu faire pression sur la mairie »,
assure Andreï Rojkov, analyste à la banque Metropol.
Alstom se garde bien de politiser l'affaire.
Mais l'équipe à Moscou ne cache pas sa surprise : Uralvagonzavod et
Bombardier ne disposent en effet que d'une maquette de tramway. Ils
pourraient peiner à respecter le cahier des charges, pour les
exigences techniques comme pour les délais de livraison. Le groupe
français avait, lui, présenté un prototype basé sur Citadis, son
modèle phare qui, adapté aux réseaux urbains russes, devait être
produit dans l'une des usines de son partenaire local
TransMashHolding. TMH et Alstom se retrouvent donc contraints de
réviser leur stratégie : intéressés par la rénovation des réseaux
de tramways dans d'autres villes, ils comptaient sur cette commande
à Moscou pour lancer leur ligne de production.
Alstom, qui mise beaucoup sur la Russie, assure
que cet échec ne remet pas en cause son partenariat avec TMH, le
principal constructeur ferroviaire russe. Le français a pris une
participation au capital à hauteur de 25 %. Une coûteuse
association qui, moyennant une production locale comme le
souhaitent les autorités, devait ouvrir de nombreuses portes et
garantir des contrats. « Nous avions pareillement songé à devenir
actionnaire de TMH, témoigne aux « Echos » une source de Siemens.
Fantastique… sur le papier ! Mais, au vu des difficultés en Russie
pour rendre effectif tout transfert de technologies, nous avons
préféré y renoncer, privilégiant une coentreprise de plus petite
taille. »
D'autres commandes en discussion
Si on reconnaît chez Alstom qu'il n'est pas toujours facile de
travailler avec TMH, on assure néanmoins que cette association est
le meilleur moyen d'avoir la base industrielle et l'appui politique
suffisants pour l'emporter sur un marché bien plus important que
celui des tramways : celui du renouvellement de la flotte de
locomotives de RZD, la SNCF russe. Un premier contrat de 200
locomotives électriques de passagers est en cours avec la
production, dans une usine de TMH modernisée par Alstom, d'une
valeur de 1 milliard d'euros, il en revient 400 millions à
Alstom.
Deux cents unités doivent suivre
pour le fret, avec 800 millions d'euros à la clef, dont la moitié
pour le français. Mais le modèle n'a pas encore été certifié. « Au
vu des besoins de RZD pour se moderniser et de l'influence de TMH
sur le marché du rail russe, cette association finira par se
concrétiser en nouveaux gros contrats », affirme l'analyste Andreï
Rojkov.
« D'autres commandes sont en discussion »,
confirme une source proche des négociations. De quoi poursuivre
l'équilibre soigneusement entretenu par RZD entre Alstom et
Siemens. Après un premier contrat, l'allemand a récemment signé une
lettre d'intention pour 675 locomotives de fret nouvelle
génération.
Benjamin Quénelle
Correspondant à Moscou
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/auto-transport/actu/0202537602679-ferroviaire-comment-alstom-compte-rebondir-en-russie-534683.php